Entre la routine et la magie, la messe

La réorganisation des horaires des messes, suite à la diminution du nombre de prêtres, a fait réagir plus d’un et espérons le a fait se poser des questions sur le sens de la messe. Il est vrai que deux écueils nous guettent. La messe, si nous n’y prenons garde peut devenir une routine ou un acte magique. La routine a pour conséquence de banaliser la démarche au point qu’on ne sait plus très bien pourquoi on va à la messe. Cela peut conduire les personnes conformistes à s’aliéner dans un ritualisme légaliste, source d’identification sécurisante et d’autres à abandonner une pratique dont ils ne voient plus l’intérêt.

A l’opposé, dans la ligne de l’idolâtrie dénoncée par les prophètes d’Israël, la magie se nourrit de la prétention de l’homme religieux à opérer son salut par des moyens dont il a la maîtrise. Ces moyens consistent de préférence en paroles et en conduites rituelles. A reconnaître aux rites correctement célébrés une efficacité quasi mécanique, on en vient à négliger dangereusement ce qui donne tout leur sens aux sacrements chrétiens, c’est à dire la démarche de foi par laquelle l’assemblée reçoit de Dieu, par le Christ et dans l’Esprit, le don du salut.

Le congrès eucharistique de Lourdes de 1981 définit en sept têtes de chapitres les divers moments de l’action eucharistique : l’Eglise se rassemble, proclame la parole de Dieu, rend grâce au Père, fait mémoire du Christ, fait appel à l’Esprit Saint, communie au corps du Christ et participe à la mission du Christ.

Cette dynamique existait déjà dès le début du christianisme. Cependant au Moyen Age, il y eut une inflation de messes et on pensait que plus le nombre de messes auxquelles on assistait était important et meilleure était notre vie de chrétien. Certains prêtres célébraient aussi des messes tout seuls, sans fidèles. Les lecteurs d’un certain âge se souviennent sans doute de prêtres qui célébraient une messe sur un autel latéral pendant que les fidèles étaient censés suivre la messe de l’autel principal. Comme gamin je m’amusais à voir lequel des prêtres allait le plus vite. Avec l’importance grandissante du rôle du prêtre au cours de l’histoire, d’acteurs les laïcs devinrent spectateurs. Qui ne se souvient de personnes récitant le chapelet durant la messe. Vatican II a partiellement rétabli l’équilibre, mais la majorité des fidèles gardent toujours une attitude passive, ce qui démobilise nombre de personnes et notamment les jeunes. Dans la mentalité catholique la messe a été tellement majorée que toute autre célébration est considérée comme mineure et souvent on pense que le fait d’assister à la messe est l’essentiel de la démarche chrétienne, oubliant ou négligeant la prière, la recherche spirituelle ou l’engagement dans la société et le service de nos frères.

Si nous ne voulons pas que la messe devienne routine ou magie, nous sommes amenés à nous poser des questions bien plus fondamentales que celles de savoir si on y va le samedi ou le dimanche ou si nous chantons en latin ou non.

Cet article s’inspire du livre de Charles Wackenheim portant le même titre

Un commentaire sur “Entre la routine et la magie, la messe

  1. J’ai beaucoup apprécié votre commentaire sur :magie,rituel
    C’est cela mon propre ressenti actuel ou beaucoup de personnes me semble t’il ,se perdent (s’égarent)sur le chemin
    Je tente de conscientiser ma réelle source .Ce qui n’est pas simple dans le moment que nous vivons actuellement
    Amicalement

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